Une barre d’argile ? Quelle drôle d’idée …. Et pourtant !
Historique
Une première ébauche d’un système de gommage nous vient du Japon des œuvres de Tadeo Kodate au début des années quatre-vingt-dix/nonante (dépôt d’un brevet aux USA en 1995) (1).
On parle alors de « plastic flexible grinding stone » qu’on pourrait traduire librement par « pierre ponce malléable ».
De nombreux producteurs sont d’ailleurs originaires du pays du Soleil Levant. Citons Joybond, Auto Chemie, Shinyo Chemicals, Honda Motor, Nissan Motor.
Vient ensuite le dépôt par Dennis Dehn et Paul David Miller d’un brevet (2) auprès de l’administration US (1998).
C’est un complément au travail de Kodate et c’est à lui que nous nous intéresserons ici.
Une description exhaustive (2) concernant l’ensemble des caractéristiques de ce « plastic flexible tool » ou « clay » est donc déposée et protégée par les lois en vigueur aux USA.
A l’époque, ce procédé est révolutionnaire et va rapidement partir à la conquête du milieu des professionnels du monde automobile puis des particuliers soucieux de l’entretien de leur véhicule.
Auparavant, l’enlèvement des contaminations de surface passait par un ponçage ou un compounding.
Si la méthode était efficace, la couche supérieure (vernis ou peinture) était malheureusement victime de dommages collatéraux pas toujours justifiés.
Le public perçoit donc rapidement les avantages de cette technique qui va permettre de retirer les contaminations de manière précise et quasi sans risque.
Au tribunal
Pendant quelques années, deux types de clays vont coexister dans les rayonnages des magasins spécialisés. On aura ainsi le choix entre une clay de type « plastique » et une autre de type « élastique ». La composition légèrement différente de cette dernière lui donne plus de malléabilité.
De nombreux utilisateurs outre-Atlantique seront séduits par cette clay élastique qui sera vendue par de gros distributeurs tels Mother ou Optimum. Certains diront d’elle que sa souplesse la rend plus agréable à malaxer lors des basses températures. D’autres affirmeront qu’elle ne raye pas comme ses concurrentes et que sa durée de vie est plus longue. Elle aura aussi la réputation de mieux résister au mélange eau/shampoing ou d’être moins collante.
Mais alors qu’elle connait un succès visiblement mérité, les avocats entrent en scène.
Les procès
Autowax Company (Clay Magic) a acquis les droits exclusifs de distribution sur le territoire des USA et du Japon du brevet « Dehn & Miller ».
Petit à petit, AutoWax entend faire respecter son droit exclusif d’exploiter la clay telle que décrite dans le brevet déposé.
Il va en résulter une série de procès contre des producteurs (Shinyo Chemicals), des distributeurs (Mark V, Kucala) et des revendeurs (Mother) de clays qui refusent d’acquitter les compensations légales.
Des sommes seront perçues en dommages et intérêts et des astreintes seront réclamées par clay vendue illégalement.
La bataille décisive se jouera contre Kucala Enterprises qui contestera la validité du brevet incriminé. Après moult péripéties judiciaires, les arguments de la défense favorables à la vente d’un autre type de clay seront balayés. La justice tranchera et condamnera John Kucala à indemniser Autowax Company.
Il ressortira de toutes ces affaires plaidées devant les tribunaux qu’AutoWax Company possède bel et bien l’exclusivité commerciale de ce produit.
Les réactions
Les réactions positives à ces jugements ont trait au respect des règles commerciales en matière de brevets. Si la justice reconnaît le bien-fondé du brevet, pourquoi autoriser des concurrents à vendre un produit similaire sans payer de dédommagement ?
Quant aux réactions négatives, elles proviennent surtout de l’utilisateur lambda dépité de voir retiré de la vente un produit qui le comblait. On parle de monopole, de nettoyage par le vide et de manque d’évolution de ce type de produit en l’absence de concurrence.
Suite au prochain épisode lors de l’expiration du droit d’exploitation pour une éventuelle évolution de la situation …
La situation
Accusant un retard de quelques années sur les USA, les particuliers (d’Angleterre, de France, d’Espagne, de Belgique) n’ont bien souvent connu qu’un seul type de clay. Cette affaire judiciaire ne devrait donc pas faire beaucoup de vagues dans le petit monde du « detailing » made in Europe.
Il est fort à parier qu’un sondage révèlerait que les utilisateurs sont ravis de leur « bonne vieille » clay. Et ce n’est pas la sortie d’un bloc de mousse synthétique censé apporter de meilleurs résultats qui risquerait de changer grand-chose…
Or, ce que l’on ignore trop, c’est que la fameuse clay interdite est légalement vendue en dehors des USA et du Japon ! Elle se nomme Riccardo Clay au Canada et Erazer en Australie et Nouvelle-Zélande. En Espagne, on trouve la prohibée Opti-Clay et l’Autoclay chez Autocare. Au Royaume-Uni, ce sont les e-boutiques (Cleanyourcar,Autoperfection…) qui proposent une clay « maison » particulièrement souple…
Pourquoi ?
Sans entrer dans les détails de la composition chimique (1) (2), on peut dire sommairement qu’à une base argileuse sont adjoints les abrasifs requis pour effectuer le nettoyage. Pour personnaliser son produit, le revendeur pourra choisir, entre autres, la couleur et le taux d’abrasifs.
Ces derniers sont la clé de voute de cette étape importante : l’optimisation du rendement de ces produits souvent couteux passe par une surface la plus propre et la plus lisse possible. La clay est donc à l’heure actuelle un moyen simple et plus ou moins rapide d’arriver à un tel résultat.
Jetez un coup d’oeil au diagramme ci-dessous. Vous remarquez le nombre de contaminations encore présentes sur le vernis malgré un lavage minutieux. L’utilisation d’une clay va permettre le retrait des contaminations visibles (points de goudrons résiduels, taches de peintures…) et des contaminations invisibles (oxydation et dépôts divers). On perçoit vite le bénéfice d’une telle action : sur une surface débarrassée de sa rugosité, les couches protectrices s’accrocheront de manière bien plus efficace et gagneront en efficacité. Dans le cas contraire, l’application d’un quelconque produit de finition ressemblerait à du gaspillage. Et pour peu qu’un de ces produits soit légèrement abrasif, vous vous exposez à un détachement partiel de contaminants susceptibles de provoquer des rayures lors de l’application. Cette remarque vaut aussi pour les tampons de votre polisseuse. L’efficacité de cette dernière rend l’usage d’une clay optionnel, mais il est cependant plus sûr (diminution du risque de rayure) et plus propre (état des tampons) d’en utiliser une malgré tout.
L’usage réfléchi de la clay (prenez garde aux plus abrasives) est donc, pour l’amateur averti, une condition sine qua non pour l’obtention d’une surface de travail parfaitement nette.
Matériel recommandé :
(1x) 50g de barre d’argile
(1x) un lubrifiant pour clay
(2/3x) serviettes microfibres
Les faits :
– Utiliser une clay NE retirera PAS une rayure (elle pourra en révéler dans certains cas)
– Utiliser une clay retirera les contaminations de surface et préparera votre vernis pour l’étape suivante.
– Utiliser une clay par petites sections.
– Une clay retirera les résidus de moustiques séchés, goudrons, retombées industrielles et autres contaminations.
– Une clay peut être réutilisée mais elle doit être remplacée lorsqu’elle est trop contaminée.
Comment ?
La clay va retirer les micro et macro contaminations et laisser une surface lisse et propre. Certains d’entre nous seront dubitatifs quant à cette étape alors qu’elle est relativement simple à mettre en oeuvre. Notez bien qu’elle n’est pas du tout facultative dans la grande majorité des cas : si vous omettez cette étape, vous bâtirez votre travail sur des fondations branlantes…
Voici un guide sommaire, mais efficace. D’autres techniques de travail sont disponibles, mais pour des raisons de clarté et de lisibilité, nous n’en parlerons pas ici. Libre à vous d’expérimenter et de trouver votre meilleure méthode en fonction de vos expériences et préférences.
Préparation :
Votre véhicule devra être scrupuleusement lavé et séché. Pour un meilleur confort, il est conseillé de travailler à l’ombre pour que votre peinture reste froide au toucher. Si vous disposez d’une barre de 200gr ou plus, découpez-la en plusieurs morceaux. Prenez-en un et aplatissez-le (comme une crêpe).
Processus :
1- Travaillez par petites sections (10cmx10cm). A l’aide de votre QD, lubrifiez généreusement : la clay ne doit pas entrer en contact avec une surface sèche sous peine de rayure.
2- Faites glisser la clay sur la surface de gauche à droite sans exercer de pression. Les aspérités sont rognées sous l’action mécanique de la clay. Lorsque la surface est parfaitement lisse, passez à ue autre section.
3- À l’aide d’une microfibre, retirez rapidement les résidus de QD chargés de contaminants.
4 -Malaxez régulièrement la clay pour toujours mettre en contact avec la peinture une portion saine.
Astuces :
* Avant une nouvelle utilisation, placer la clay dans un récipient d’eau tiède afin de ramollir la gomme et en faciliter l’utilisation.
* Les bruits de frottement peuvent vous donner de précieuses indications quant à l’avancement des travaux.
* Certaines personnes tendent à relaver leur voiture après utilisation de la clay pour éliminer les derniers résidus. Si vous avez bien travaillé, ce second lavage est inutile..
* N’hésitez pas à changer de microfibre si celle-ci est trop humide ou encrassée.
* Une clay tombée sur le sol devra être rapidement jetée à la poubelle pour éviter tout problème par la suite (les « maladroits » travailleront avec une petite boule d’argile)
* Les mélanges de shampoing et d’eau peuvent être une alternative au lubrifiant spécifique (plus coûteux) dans bien des cas. Attention, certaines clays se dégradent au contact d’un tel mélange. Faites un test préalable.
Références :
(1) http://library.dialog.com/bluesheets/html/bl0654.html
(2) http://www.patentstorm.us/patents/6547643.html
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